En 2012, ACCEO n’a pas uniquement changé d’actionnaire et de nom : l’entreprise montréalaise de solutions informatiques d’affaires a revu en profondeur la fonction de son conseil d’administration, ainsi que ses mécanismes d’évaluation. Une démarche qui lui vaut cette année d’être honorée lors de la Grande soirée de la gouvernance dans la catégorie Professionnalisation.
« Auparavant, nos seuls partenaires étaient le groupe français GFI Informatique et le Fonds de solidarité FTQ. Le conseil ne discutait donc que de finances, explique Gilles Létourneau, président et chef de la direction. Lorsque nous avons racheté la participation française avec Investissement Québec, le Fonds FTQ et Desjardins Capital de risque, nous avons voulu mettre en place un CA qui nous aiderait à travailler notre plan stratégique. »
André Thompson est ainsi devenu le président du nouveau conseil d’ACCEO, formé de M. Létourneau et de six membres indépendants. « Entre les actionnaires, le conseil d’administration et la direction de l’entreprise, nous sommes dans un écosystème où il existe une transparence absolument exceptionnelle : nous sommes au courant de ce qui se passe », note l’administrateur de sociétés d’expérience.
« Il y a une confiance réciproque », renchérit Gilles Létourneau. Un sentiment entre autres alimenté par l’autoévaluation systématique que fait le CA de ses activités et de ses méthodes. « Chaque année, nous répondons à des questions très précises, de 50 à 60. Les réponses sont compilées par la présidente du comité des ressources humaines, puis discutées », détaille M. Thompson, qui souligne être « parfois intervenu » pour apporter des correctifs.
Des recommandations d’expert
L’année dernière, un des actionnaires rattachés à Desjardins Capital de risque a suggéré au conseil de pousser encore plus loin sa démarche d’amélioration continue en faisant appel à un expert indépendant. Il leur a recommandé Mario Beaulieu, de G Société Conseil. « Mario Beaulieu a envoyé un questionnaire assez exhaustif à tous les administrateurs, raconte M. Thompson. Ensuite, il est venu en personne nous poser des questions : nous avions chacun un bouton-signal pour répondre. Nous voyions en temps réel les résultats et nous en discutions ; lui enregistrait notre conversation. » L’exercice – auquel le chef de la direction n’a pas assisté – a duré environ deux heures.
L’expert en gouvernance en a tiré un rapport qu’il a transmis au CA l’automne dernier. Ce document contient plusieurs recommandations portant sur une quinzaine de sujets. « Il n’y a pas eu de grandes nouvelles, de grandes surprises ni de grands déchirements, précise M. Létourneau. Je pense que ce travail a permis de s’assurer que tout le monde était sur la même longueur d’onde. »
Les administrateurs ont par la suite sélectionné quelques éléments sur lesquels travailler en 2016. « L’un des devoirs du conseil cette année est de veiller à bien connaître les attentes des propriétaires, les contraintes du marché et des opérations de l’entreprise, puis à gouverner en fonction des objectifs que nous nous sommes donnés et à ce que tout le monde connaisse ces objectifs, résume M. Thompson. Nous n’avons pas tant de nouveaux venus que ça [au conseil], mais il faut s’assurer que ces gens-là comprennent dans quoi ils se sont engagés. »
Le CA entend également poursuivre l’élaboration du profil de compétences de chacun de ses administrateurs, pour faire en sorte d’avoir « la compétence optimale pour diriger et gouverner » ACCEO. « Pour le moment, la composition du conseil est la bonne, mais il faut se poser la question selon le développement de l’entreprise », souligne M. Thompson. Celle-ci a réalisé quatre acquisitions l’année dernière et compte près de 60 000 clients et 1 000 employés répartis dans neuf bureaux – dont deux à Toronto et un à Paris. Son chiffre d’affaires devrait frôler les 120 millions de dollars cette année.
Gilles Létourneau assure être « très satisfait » de son CA. « Les administrateurs sont complémentaires : nous n’avons pas deux membres qui ont le même profil, ce qui nous permet d’aller chercher une expertise beaucoup plus étendue et de progresser vers une société qui pourra avoir un chiffre d’affaires de 200, 300 et 500 M$ avec la même structure et la même gouvernance que celle que nous avons aujourd’hui. »
Benoîte Labrosse – Les Affaires